Lorsqu’Ayin est sorti au jardin cet après-midi, il a eu un
comportement obsessionnel comme ça lui arrive lorsqu’il veut atteindre un objet
hors de sa portée. Le seul problème, c’est qu’il aboie furieusement sous le
cerisier en fleur. Je regarde si un jouet des enfants des voisins n’y est pas
accroché : rien. Philippe arrive et ne voit rien non plus. Ayin s’agite de
plus belle, trouvant visiblement aussi agaçant que frustrant que ces stupides humains
ne trouvent pas l’objet de son émoi. Dany qui regarde par la fenêtre d’en haut me
fait signe que lui non plus ne voit rien. Ayin aboie tellement que je le rentre
d’office. À l’intérieur il gratte à la porte comme un fou.

Je me décide alors à aller sonner chez mes voisins. Luca m’ouvre
et me dit que non, ils n’ont pas joué dans le jardin. Manu me demande pourquoi
le chien faisait un tel raffut, je lui explique… Bref, pas de piste de ce côté-là.

Je retourne au jardin et j’essaie de comprendre. Ayin est
toujours aussi agité et Luca qui regarde de la fenêtre de sa chambre avec sa sœur
Lisa me dit que c’est peut-être le cerisier. Dany surveille la scène, perché
sur le petit toit. Ca a l’air absurde, mais, tant qu’à faire, je me prête au
jeu…

Je cueille une fleur et je la lui tends. Il la mange aussi
sec ! Nous éclatons tous de rire. Mais Ayin n’a toujours pas l’air
satisfait, lui.

Ne voyant pas ce que je peux faire de plus, je rentre le
toutou qui continue d’être très agité. Quand il a quelque chose en tête… Et
cela continue le reste de l’après-midi jusqu’à cette nuit. Lorsqu’il sort, il
reprend son manège, même si, heureusement, il aboie moins fort. En désespoir de
cause, il en est plutôt aux gémissements devant mon incompréhension. C’est
alors que je repense à l’idée de Luca… Sauf que sous le cerisier, il y a un petit
prunellier qui, pour la première fois depuis douze ans, est abondamment en
fleur…

J’en cueille une fleur et là aussi Ayin la mange. Sauf que
son expression a changé : il y a de l’intérêt dans les yeux de ma gueule
d’amour !

Je l’ai alors pris dans mes bras et je lui ai fait flairer les
fleurs, lui amenant des branches de partout. Quand je l’ai déposé, il est
revenu mettre ses pattes haut sur moi pour que je le reprenne… Ce que j’ai
fait. Et on a continué à renifler les fleurs (qui pour moi n’ont aucune odeur,
mais bon, je n’ai pas un nez de chien!). Puis je l’ai rentré, toujours dans mes bras et il
m’a léché les mains : il devait me trouver moins idiote sans doute ! Depuis,
il est visiblement apaisé.

La clé de l’énigme, c’était donc un nouvel élément odorant dans le jardin
qu’il ne pouvait pas identifier… Là c’est fait. On verra demain si ça suffit
ou s’il est vraiment drogué au parfum de ces fleurs.