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Rêve de dragon

Site officiel de Annie Pilloy

Simplement un espace accessible rapidement lorsque l'envie me prend de jeter quelque chose dans la grande toile du rêve...

Promiscuité haïe

Tranches de vie Posted on 14/01/2024 20:34

J’avais déjà du mal avant avec les endroits clos et le monde… pourtant ce n’était pas l’heure de pointe… mais trop de gens! 

Je suis allée à la gare du Midi à pieds, il faisait très beau, 20 minutes en descente, parfait. Mais déjà passer chaussée de Waterloo: c’est sale et il y a pas mal de gens. Je louvoie. Ce n’est rien à côté de la gare. Des sdf partout (grands dieux, je ne leur en veux pas, ce n’est pas le propos, juste un reflet de plus de la misère grandissante et de l’inaction de nos dirigeants), ça pue la pisse… Je cherche où se trouve le distributeur de tickets qui fait office de dame pipi. Un type en chaise roulante m’explique tout. Et évidemment je lui donne la monnaie qu’il espère en retour de son aide que je n’avais pas demandée. Trop de gens, trop de vitrines, trop de néons, trop de tout. Je trouve un contrôleur de la sncb qui gentiment me renseigne où le tgv va arriver et où je peux trouver une carte mobib. Faut descendre vers le métro. L’escalator, ça passe… mais arrivé en bas, le monde, la puanteur, aucune aération, il fait « douf », je prends mon courage à deux mains mais je commence à voir « noir »: mon corps voudrait me déconnecter pour échapper au stress. Je continue à avancer en espérant ne pas m’évanouir et j’arrive au guichet. Personne devant, ça ne prend que quelques longues minutes, je repars en évitant les gens qui eux savent où ils vont; moi aussi: je veux sortir. Finalement la gare est « moins pire », il y a de l’air au moins. Au pied de l’arrivée des quais tgv, il n’y a pas trop de monde et un préposé à l’accueil qui fait de l’humour : « sur mon application c’est marqué quai 5 l’arrivée, mais après vous savez c’est tous les jours que ça nous fait « surprise » on a changé de quai sans prévenir ». 

Je monte sur le quai, le train est à l’heure. La personne qui convoie Nono me trouve. On parle un peu et elle me propose de descendre ensemble: elle doit regarder où est son train de retour. Et là je me rends compte que cela s’embouteille à la sortie. Nouveau moment de panique.

En bas on se dit au revoir… je vais vers la sortie couverte pour prendre un tram providentiel qui arrive en même temps que moi… il quitte de suite ce monde artificiel où l’on ne voit pas le jour et qui me frappait tellement au temps de ma jeunesse déprimée… quand je pensais encore qu’on pouvait apprivoiser le béton des tunnels. J’y renonce définitivement: c’est trop inhumain même si les gens alentour n’en souffrent pas, ou ne le montrent pas…

2022



Championne d’impopularité

Tranches de vie Posted on 14/01/2024 20:28

J’avais envie de raconter une anecdote qui m’est arrivée dans les années 80.

Je n’ai jamais attendu les réseaux sociaux pour rencontrer virtuellement des gens et échanger avec eux. Pour élargir mon cercle d’amis, surtout quand j’étais enfermée à longueur de temps dans ma librairie (à vendre des DH, des cigarettes et au mieux des Harlequins), je posais des petites annonces « comme certains posent des bombes » avais-je l’habitude d’écrire. J’étais déjà, toujours, provocatrice et je m’éparpillais dans différents supports écrits, de Libé à Rock This Town en passant par le Vlan (magazine toute boîte gratuit). Et je récoltais pas mal de réponses qui parfois m’enchantaient… il se trouve même parmi mes amis Facebook trois personnes rencontrées par ce biais. J’entretenais parfois de longues correspondances passionnées et créatives: on rivalisait de supports papier improbables, dessins, collages, photos; plumes et encres de couleur, écriture en spirale ou sur un rouleau de papier de plusieurs mètres etc. Et bien sûr aussi sur le fond. Beaucoup de musique des années 80, la ville, la mode japonaise qui arrivait en Europe et d’autres sujets plus légers encore ou plus intellos, je suppose. 

Et, fidèle à moi-même, j’avais régulièrement des clashs avec certaines de ces personnes, que nous nous soyons rencontrées ou pas. Et on se perdait alors de vue… sauf que… sauf que des années après j’ai appris par l’une d’elle, qui avait repris contact avec moi, que certains de ces correspondants qui s’étaient sentis évincés s’étaient « regroupés » et, au départ du moins (j’espère pour eux qu’ils ont enrichi par la suite leurs sujets de conversation !) dans le but de discuter de l’affreuse personne snob et sans coeur que j’étais. Ça m’avait laissé absolument sans voix… que peut-on trouver comme bénéfice à entretenir un souvenir négatif, peut-être même douloureux, et à ressasser ses aigreurs, en les partageant et renchérissant sur les outrages subis?

Et bien je me le demande encore un peu plus aujourd’hui. On dirait que rien ne change, et surtout pas mon incroyable talent à m’attirer une constante impopularité.

2022