Orphée avait à nouveau disparu fin juin. Je l’ai appelé pendant une semaine, en vain. Même que les voisins commençaient a en avoir marre d’entendre mes appels tous les soirs…
J’ai été voir aux deux endroits où peuvent être coincés les chats. Rien.
J’ai mis des avis avec photo dans toutes les boîtes du pâté de maison. Rien.
Je ne le « sentais » plus. Le contact semblait rompu.

Tous les jours je pensais à Orphée. Pendant mon stage de dessin j’allais écouter le vent dans les arbres de la cour comme il m’avait appris à le faire lors de nos moments privilégiés au jardin.

La semaine dernière, une dame qui habite en bas de la rue en face m’a appelé, me disant que ça sentait le pipi de chat chez elle et que ses deux chattes étaient propres. Elle se demandait si Orphée ne pouvait pas être passé par là, même si elle n’avait rien vu et si ses chattes n’avaient pas réagi à un intrus.
Ce gentil coup de fil fut comme le déclic qu’il ne fallait peut-être pas tout à fait désespérer.

Contre toute raison (après presque trois semaines, au mieux il s’est retrouvé une maison. Au pire…) cela fait quelques jours que je « cherchais » Orphée en dehors du bloc.
Sortir les chiens le soir pour eux d’abord, mais aussi pour laisser une trace odeur de la maison. Hier avec Loki, je suis descendue vers la rue de Savoie et pas montée comme d’habitude.
Depuis lundi, en passant dans la rue, je l’appelais mentalement très fort. En revenant du Moeder mardi nuit j’avais été jeter un coup d’oeil dans les caves de la maison vide au coin.
Hier nuit, un peu après deux heures, me prend subitement le besoin de sortir, une véritable urgence que j’ai traduite en « aller boire le dernier verre au Moeder » qui ferme vers trois heures. Ca ne m’arrive
jamais. J’ai même hésité en trouvant ça absurde, trop tard, mais il y
avait quelque chose qui me poussait à sortir « maintenant »… Quand j’ai tourné le coin de la rue, j’ai vu une queue disparaître sous une voiture. J’étais sûre que c’était Orphée.
Je me suis couchée par terre et je l’ai appelé… Ah le discours d’Orphée! Avec un ton de reproche et de soulagement malgré tout. Il ne bougeait pas de « dedans » la voiture. Je me suis assise en me demandant quoi faire et tout d’un coup il a déboulé en ronronnant et en se collant contre moi… On a fait des câlins, j’ai doucement ouvert la petite poche de mon sac où je mets mes clefs et j’ai pris Orphée dans mes bras en marchant très doucement, très calmement jusqu’à la maison. En lui parlant, en le caressant, en l’embrasant. Il n’arrêtait pas de ronronner… Je lui ai donné à manger au rez-de-chaussée, là où mangent tous mes fauves, puis je suis descendue avec lui pour le mettre au calme.
Parce qu’au niveau stress avec les chiens et les autres (surtout Korrigan) tout est à refaire, si pas pire.
Mais clairement, le lien avec moi, même au bout de trois semaines, est bien là. C’est le moins que l’on puisse dire! Il a passé toute la nuit avec moi.

Je devrais décidément plus me fier à mes intuitions, même si elles sont « ténues », Elles sont là. Et ma foutue raison raisonne mal, en général. Plutôt décourageante dans la perte d’un chat, la raison.

Comment mon baroudeur s’est-il à nouveau retrouvé à la rue? Pour sortir, il suffit d’une issue ouverte derrière et d’une fenêtre ouverte à l’avant et c’est fait. Il est blessé tout le long du milieu du dos, comme s’il s’était éraflé en passant sous une « pique »: il y en a beaucoup aux fenêtres des sous-sols ou caves. Les poils sont partis devant et il a une une blessure ouverte vers l’arrière, là où il est le plus « épais ». En la désinfectant j’ai constaté que c’est récent. Ce qui corrobore mon timing intuitif…

Alors que me réserve encore Orphée?
Là, je n’en sais rien, mais notre aventure commune continue et j’en suis vraiment très heureuse!