Blog Image

Rêve de dragon

Site officiel de Annie Pilloy

Simplement un espace accessible rapidement lorsque l'envie me prend de jeter quelque chose dans la grande toile du rêve...

Superstition

Tranches de vie Posted on 17/03/2024 19:18

Lors de ma visite à l’exposition sur les aborigènes australiens au Cinquantenaire en 2021, je m’étais offert un mug illustré de l’une de leur peinture. Ce mug avait mal fini: j’étais dans une série casse et il y était passé. 

Quand j’y suis retournée pour l’exposition sur les estampes japonaises, j’étais très heureuse de retrouver le sosie du récipient cassé dans la boutique du musée.

Je le fus moins quand, à la

suite d’une unique maladresse cette fois, je le brisai à nouveau.

Qu’à cela ne tienne, lors de ma dernière visite muséale, début 2024, je remis la main sur le mug tant convoité, le dernier, caché dans un coin près du domaine pascuan. 

Arrivant à la caisse toute fière de ma trouvaille, la petite dame me dit: « Ah mais il m’en reste d’autres, vous faites bien de me le dire, je vais les chercher ». Et de disparaître, m’abandonnant, presque déçue que mon trophée en forme de mug ne soit pas le dernier de son espèce. Quand elle revint, elle déposa son sosie et un autre modèle juste à côté. Je lui racontais mes mésaventures et mes casses successives et elle me dit: « C’est normal ». Je la regardai, perplexe. Elle continua, l’air entendu: « La tasse que vous aviez achetée, c’est une peinture exécutée par les hommes. Celle-là, ajouta-t-elle en poussant vers moi le support à l’autre motif, c’est celui peint par les femmes. »

Je souris par pure contenance et lui dis: « c’est ok, je prends les deux ». Ravie, elle les emballa à grand renfort de bulles et se mit à farfouiller dans les marques page. « Celui-ci, je vous l’offre, pour vous consoler de vos pertes ». Sur l’image issue de l’exposition, une photographie moderne d’une femme aborigène, entre sorcière et veuve noire. 

Et la petite dame d’ajouter: « Je ne me suis jamais sentie aussi bien que lorsque je vendais les pièces relatives à cette exposition-là… tellement de couleurs et tellement de magie ».

J’ai souri et je suis rentrée avec mes deux mugs. 

Un mois et demi plus tard, ils sont toujours entiers. 



Promiscuité haïe

Tranches de vie Posted on 14/01/2024 20:34

J’avais déjà du mal avant avec les endroits clos et le monde… pourtant ce n’était pas l’heure de pointe… mais trop de gens! 

Je suis allée à la gare du Midi à pieds, il faisait très beau, 20 minutes en descente, parfait. Mais déjà passer chaussée de Waterloo: c’est sale et il y a pas mal de gens. Je louvoie. Ce n’est rien à côté de la gare. Des sdf partout (grands dieux, je ne leur en veux pas, ce n’est pas le propos, juste un reflet de plus de la misère grandissante et de l’inaction de nos dirigeants), ça pue la pisse… Je cherche où se trouve le distributeur de tickets qui fait office de dame pipi. Un type en chaise roulante m’explique tout. Et évidemment je lui donne la monnaie qu’il espère en retour de son aide que je n’avais pas demandée. Trop de gens, trop de vitrines, trop de néons, trop de tout. Je trouve un contrôleur de la sncb qui gentiment me renseigne où le tgv va arriver et où je peux trouver une carte mobib. Faut descendre vers le métro. L’escalator, ça passe… mais arrivé en bas, le monde, la puanteur, aucune aération, il fait « douf », je prends mon courage à deux mains mais je commence à voir « noir »: mon corps voudrait me déconnecter pour échapper au stress. Je continue à avancer en espérant ne pas m’évanouir et j’arrive au guichet. Personne devant, ça ne prend que quelques longues minutes, je repars en évitant les gens qui eux savent où ils vont; moi aussi: je veux sortir. Finalement la gare est « moins pire », il y a de l’air au moins. Au pied de l’arrivée des quais tgv, il n’y a pas trop de monde et un préposé à l’accueil qui fait de l’humour : « sur mon application c’est marqué quai 5 l’arrivée, mais après vous savez c’est tous les jours que ça nous fait « surprise » on a changé de quai sans prévenir ». 

Je monte sur le quai, le train est à l’heure. La personne qui convoie Nono me trouve. On parle un peu et elle me propose de descendre ensemble: elle doit regarder où est son train de retour. Et là je me rends compte que cela s’embouteille à la sortie. Nouveau moment de panique.

En bas on se dit au revoir… je vais vers la sortie couverte pour prendre un tram providentiel qui arrive en même temps que moi… il quitte de suite ce monde artificiel où l’on ne voit pas le jour et qui me frappait tellement au temps de ma jeunesse déprimée… quand je pensais encore qu’on pouvait apprivoiser le béton des tunnels. J’y renonce définitivement: c’est trop inhumain même si les gens alentour n’en souffrent pas, ou ne le montrent pas…

2022



Championne d’impopularité

Tranches de vie Posted on 14/01/2024 20:28

J’avais envie de raconter une anecdote qui m’est arrivée dans les années 80.

Je n’ai jamais attendu les réseaux sociaux pour rencontrer virtuellement des gens et échanger avec eux. Pour élargir mon cercle d’amis, surtout quand j’étais enfermée à longueur de temps dans ma librairie (à vendre des DH, des cigarettes et au mieux des Harlequins), je posais des petites annonces « comme certains posent des bombes » avais-je l’habitude d’écrire. J’étais déjà, toujours, provocatrice et je m’éparpillais dans différents supports écrits, de Libé à Rock This Town en passant par le Vlan (magazine toute boîte gratuit). Et je récoltais pas mal de réponses qui parfois m’enchantaient… il se trouve même parmi mes amis Facebook trois personnes rencontrées par ce biais. J’entretenais parfois de longues correspondances passionnées et créatives: on rivalisait de supports papier improbables, dessins, collages, photos; plumes et encres de couleur, écriture en spirale ou sur un rouleau de papier de plusieurs mètres etc. Et bien sûr aussi sur le fond. Beaucoup de musique des années 80, la ville, la mode japonaise qui arrivait en Europe et d’autres sujets plus légers encore ou plus intellos, je suppose. 

Et, fidèle à moi-même, j’avais régulièrement des clashs avec certaines de ces personnes, que nous nous soyons rencontrées ou pas. Et on se perdait alors de vue… sauf que… sauf que des années après j’ai appris par l’une d’elle, qui avait repris contact avec moi, que certains de ces correspondants qui s’étaient sentis évincés s’étaient « regroupés » et, au départ du moins (j’espère pour eux qu’ils ont enrichi par la suite leurs sujets de conversation !) dans le but de discuter de l’affreuse personne snob et sans coeur que j’étais. Ça m’avait laissé absolument sans voix… que peut-on trouver comme bénéfice à entretenir un souvenir négatif, peut-être même douloureux, et à ressasser ses aigreurs, en les partageant et renchérissant sur les outrages subis?

Et bien je me le demande encore un peu plus aujourd’hui. On dirait que rien ne change, et surtout pas mon incroyable talent à m’attirer une constante impopularité.

2022



J’y vais ou j’y vais pas?

Tranches de vie Posted on 12/01/2024 03:13

J’ai été voir un concert ce soir. J’imagine que, quand n’importe qui d’autre va voir un concert, il réserve sa place et attend avec impatience la date de l’événement. Le jour J il se prépare, se déplace jusque la salle, cherche son siège, s’installe et ensuite profite du show. Puis rentre à la maison, peut-être en ayant été manger un bout, ou boire un verre, satisfait de sa soirée.

Vous voulez savoir ce que c’est la version d’Annie? Je ne me qualifierai pas de ces mots à la mode H quelque chose, trop ceci ou pas assez cela. À dire vrai, qu’est-ce que ça change, en quoi ça aide les étiquettes? 

Ce que je vais décrire là vaut pour les concerts, les représentations théâtrales ou n’importe quel autre spectacle… cela vaut aussi pour tout acte sortant de ma routine. Imaginez ma tête quand ma psy m’a suggéré de retourner au cinéma… mais j’anticipe.

Je vais vous faire la version courte, l’accélérée, le teaser. Parce que la longue c’est ma vie, jour après jour, depuis toujours.

Il y a d’abord la décision d’aller ou non à ce concert. Le coup de cœur (comme ce fut le cas pour ce soir) ou le groupe aimé depuis toujours (voilà comment je n’ai jamais vu Bowie). Entrent en jeu la distance, les moyens pour s’y rendre (la voiture peut aider), la salle connue ou inconnue. Si cela nécessite d’aller au Centre Ville, c’est déjà mal parti, impossible hors transports en commun et souvent hors métro. Je n’y vais pas. Si la salle est inconnue: quelle est sa capacité, les places sont-elles fixes ou libres d’accès, comment sont disposés les couloirs et les sièges, est-ce qu’il reste des places près des sorties ou d’où s’extraire facilement? Si un point de fuite rapide ne se profile pas, je n’y vais pas.

Lorsque les conditions sont positives (comme ce soir: à proximité de la maison, petite salle que je ne connais pas mais dans un lieu déjà fréquenté et dont j’ai trouvé les plans), là je me pose la question du prix. Si c’est ok je réserve et… j’essaie de ne plus trop y penser. Parce que si j’y pense (et encore une fois je vous la fais courte!): c’est à x heures, trop tôt pour que je puisse souper avant, est-ce que je ne vais pas avoir trop faim et quoi prévoir de facile pour quand je rentre. Et à quelle heure j’y vais? Si c’est trop tôt, je vais devoir patienter probablement dans une certaine promiscuité avec mes « semblables », dans un endroit bruyant ou peu accueillant où je ne pourrai rien consommer à cause de mes allergies… (je vous épargne les 3000 autres considérations, entre santé, traitements des chats et météo).

À ce stade, rien que de vous en parler, je me sens déjà épuisée. Imaginez si vous le viviez.

Arrive le jour J. Plus que jamais se pose la question: j’y vais ou j’y vais pas? Est-ce que je fais bien? Est-ce que j’ai le droit d’aller m’amuser ou même de me distraire alors que j’étais en larmes tout à l’heure en parlant à la vétérinaire au téléphone. Est-ce que je vais arriver à y aller (mes intestins ne vont-ils pas me pourrir la vie – évidemment qu’ils le font juste avant le départ!)?

Je me mets en route, à pieds… est-ce que je vais pourvoir faire le trajet tranquillement ? Oui j’ai pu le faire.

Arrivée sur place, il y a du monde quand même, savoir où est l’entrée de la salle, attendre dans un endroit proche mais dos à un mur, avec vue sur la sortie et pas trop en promiscuité humaine. Descendre assez rapidement et me précipiter sur la place juste à côté de la porte. Récapituler le plan des lieux vers la sortie. Attendre, voir défiler tous les gens qui tentent de trouver leur place. Commencer à avoir des vertiges, le sentiment d’étouffer, sentir la panique monter. 

La foule est rentrée, la porte juste à côté de moi se referme et je me vide de mon sang. Je vais tomber dans les pommes, c’est pas possible autrement.  Fixer mon attention sur des détails, une latte du sol, tiens BJ est déjà là, elle a l’air sympa! Enfoncer mes ongles dans ma main, tordre mon foulard, essayer de me concentrer sur d’autres sensations corporelles que le vertige. Ne pas me laisser complètement submerger.

Le concert commence, aller retour entre intérêt et malaise. Dans le meilleur des cas je me fais happer et j’oublie un peu le reste. C’est plus facile au théâtre qu’au concert. Parce que la musique, que je n’écoute quasi plus à cause de ça, ça provoque des sentiments. Et les sentiments chez moi c’est l’artillerie lourde, ça m’étouffe, ça m’étrangle, ça sort en gros sanglots, à gros bouillons, ça me fait ravaler ma morve pour ne pas me moucher et essuyer mes yeux avec mon foulard (indispensable le foulard), ça me fait me recroqueviller sur mon fauteuil pour pas gêner ma voisine de gauche, pour pas risquer de la distraire ou, pire, de la contaminer ! Les sentiments parasites s’invitent alors, blessures, ruptures et deuils impossibles. Les images se superposent, mais quand est-ce que je vais atterrir? 

Et c’est comme ça une heure et demi durant. Des hauts trop hauts, des bas en forme de panique et d’envies de fuite… et quelques moments juste vécus, juste magiques qui à eux seuls vont justifier que j’aie subi tout le reste. Tout ce qui fait mon quotidien d’Annie que je ne sais comment qualifier, sinon que j’aimerais tellement que tout soit tellement plus simple. Au point de penser, souvent, à le simplifier, une fois pour toute…



Quand ça doit!

Tranches de vie Posted on 06/03/2021 03:35

Je devais absolument bouger aujourd’hui. Parfois c’est comme ça: obligé.

Ça a pourtant mal commencé. Juste à la sortie de Bruxelles, Tuture se met à fumer et ça sent le brulé. Je m’arrête immédiatement en bord de route et je tente de joindre super Giorgio, mon garagiste. Il ne répond pas : réseau non disponible. J’appelle donc mon amie Patricia qui habite juste à côté pour qu’elle aille voir où il était et je reçois par après ce message: « Giorgio n’était pas au garage. Dès que trouvé, je lui ai demandé de te téléphoner, ce qu’il a fait devant moi. J’espère qu’il a pu t’aider. Bises ». Ça c’est une amie! Efficace en plus.

Dans l’entrefait , j’avais fait ma maligne et, comme tout le monde, ouvert le capot de Tuture. Rien ne fumait plus mais j’avise un truc (paraît que c’est le radiateur !) avec un bouchon que j’ouvre. Le téléphone sonne: je suis sauvée c’est super Giorgio. Quand je lui dis que je n’avais plus de chauffage depuis 2/3jours, il me dit que ça doit être le radiateur qui est vide à cause d’une petite fuite. Il me suffit donc de remettre de l’eau (chic, j’ai une petite bouteille dans Tuture au cas où!) et si je n’ai pas pèté une durite (ça fait chic l’expression !), ça devrait aller. Cerise sur le gâteau, le radiateur doit être rempli complètement et je n’ai pas assez d’eau. J’avise un magasin bio juste avant le rond-point et j’abandonne Tuture pour aller acheter une bouteille d’eau. Le monsieur n’a que des bouteilles consignées mais me propose de remplir ma bouteille d’un demi-litre et de ne pas hésiter à revenir si besoin est. Je le remercie et je m’empresse de rejoindre Tuture, un peu inquiète de cette grosse voiture foncée arrêtée juste derrière. Quand j’arrive, un grand échalas s’en approche. Je me dirige vers lui et il me dit: vous n’avez pas votre masque. Ok, j’avise le revolver à sa hanche et je change de registre de « dégage on touche pas à Tuture » à « petite dame en panique » (ça marche toujours bien!). Je lui montre donc que j’ai mon masque dans mon sac (plutôt que de lui faire remarquer qu’on n’est plus dans Bruxelles et qu’il n’est plus obligatoire) et je déboule avec toute mon histoire à toute allure pour expliquer pourquoi je suis garée au milieu du trottoir avec mes feux de détresse qui clignotent. Le gars me fait « ok ça va ». Et s’en va. Je lui dis un « au fait? » interrogatif et il me montre son brassard de police (qu’il avait sans sa poche). Je lui dis: c’est plus rassurant vu ce que vous portez en désignant son revolver. Il rigole et remonte en voiture. 

Je finis de remplir Tuture. Et je tente de continuer mon chemin en gageant que la fameuse durite n’est pas pètée!

Et de fait, Tuture est toute fringante et m’amène sans encombre à Sept-Fontaines. 

Arrivée à destination et garée, je vois une dame qui prend des photos avec son smartphone. Nous commençons à discuter et le courant me passe bien. Elle me dit qu’elle vient là depuis son enfance. Je lui demande donc si elle connaît le dragon qui garde les sources. Et non, elle ne le connaît pas. Nous avons donc fait un morceau de balade ensemble, nous découvrant plein de points communs. Le début d’une amitié ? À suivre…

Mais clairement aujourd’hui, c’était obligé que j’aille me promener, et pas que pour essayer mon appareil photo: j’avais un beau rendez-vous sans tout à fait le savoir! 



Ambiance nuit (glauque)

Tranches de vie Posted on 05/06/2018 17:33

Macho italien à en croire son t-shirt de supporter de foot, 1,30m à tout casser, main dans la poche en train de se branler en regardant des (jeunes) filles danser… c’est clair que la vraie vie c’est tellement moins pathétique que la virtuelle…
Et que boire peu et observer « ses semblables » n’est peut-être finalement pas top pour conserver une quelconque foi en l’humanité…



Les sites de rencontre

Tranches de vie Posted on 05/06/2018 17:18

Les sites de rencontre…
Les gens sont comme devant une vitrine de chocolats. Ils ont les yeux plus grands que le ventre, finissent par goûter à tout (envoyer des messages, chatter et parfois même se voir dans la vraie vie) et ils en sortent écœurés et ne sachant plus pourquoi ils étaient venus acheter du chocolat… ou n’était-ce pas des macarons?



Un an…

Tranches de vie Posted on 12/02/2014 03:09

Beaucoup d’entre vous l’auront compris, je suis à bout.
Rassurez-vous, je ne vais pas me jeter à l’eau. Fait trop froid.

Mais je n’en peux plus. Un an presque que toutes ces horreurs ont commencé. Avec papa parti comme il a vécu, en égoïste, il a bien fait pour lui, finalement de ne pas s’encombrer de nous et de nous faire un dernier sale tour à sa manière. Il aura été fidèle à lui-même et sera parti en douceur. Il paraît alors qu’on dit paix à son âme…

Mais il reste maman. L’ombre de maman. L’ombre de cette femme qui n’a jamais été câline, même si, à sa manière, un peu bourrue, elle aura essayé d’être parfois gentille. Elle qui n’a trop été que réactions à ce qu’il lui a imposé. Une dictature avilissante.
Ma mère qui a toujours été la dernière personne à qui j’allais me confier quand j’avais des ennuis tant je la savais capable de me porter le coup fatal. Une sorcière sauvage, c’est dangereux.
Et quand on a enfin pu commencer à s’apprivoiser, elle m’a été enlevée.

Et depuis un an, impuissante, je la regarde dépérir.
Les odeurs, les détails: les soins d’une mycose qui attendent 3 jours parce que le personnel débordé n’a rien vu puis attend le médecin et enfin la prescription. Et à quoi ça sert de gueuler contre ces pauvres femmes qui rament à cause des quotas inventés derrière des bureaux?

La femme qui il y a un an m’envoyait par sms qu’elle avait une calcification du calcaneum n’est plus qu’une pauvre créature, incapable de se faire comprendre, la plupart du temps n’arrivant plus à lever assez haut sa petite bouteille pour boire vraiment.
Une chose rivée au lit qui vomit quand j’arrive à lui faire avaler deux bouchées d’une tartine parce qu’elle refusait de manger la « pape » qu’on lui amenait.
Une pauvre hère réduite à se soulager dans des couches et à attendre que ce soit l’heure de la « changer ».

Une maman malgré tout qui parfois encore essaie de me rassurer.
Mais qui regrette que je m’en aille après une heure de ce qui pour moi est le pire des calvaires.
Deux misérables heures par semaine, ou à peine plus, voilà tout ce que je suis capable de lui accorder.

Et encore… Je n’en peux plus… J’ai juste envie de hurler ou de me terrer dans mon lit pour que ça s’arrête. Pour que je n’aie pas eu à évoquer un acte libérateur qu’elle désirait et qu’elle n’a pas pensé à coucher assez tôt sur papier pour qu’on commence à lui accorder de la morphine.
Je me demande à présent si, entre douleur atténuée, et cerveau engourdi, elle se formule encore cette envie d’en finir dignement qui lui sera refusée…
Et moi qui lâche toutes ces insanités sur un « réseau social »… J’y ai quelques amis, des vrais… Heureusement.

Parce que ce n’est pas moi qui suis en train de mourir, mais je n’en peux plus de la voir mourir deux fois une heure par semaine…
J’en étouffe quand je marche jusqu’au home. Je retiens mes larmes et mes cris en en revenant. Sortir les chiens, retomber dans la vie.
Mais je suis à bout et la moindre chose qui m’arrive est de trop… prend des proportions délirantes et m’épuise…
Je n’ose imaginer qu’il puisse arriver quelque chose à un de mes animaux en ce moment.
Si je voyais un poisson flotter sur le dos à la surface de mon étang, ce serait la goutte d’eau de trop.

Mais que faire d’autre que d’aller demain et puis dimanche?

Rien n’est-ce pas…



Monologues de fin de vie

Tranches de vie Posted on 22/04/2013 01:36

« Dans le temps, on ne vivait pas si vieux…
A quoi ça sert de manger? Je n’ai pas faim. Ce n’est pas une heure pour manger, ça, c’est trop tôt. Le matin, j’ai faim, je mange deux tartines, mais là…
Et ces nourritures là, on nous dit tout le temps que c’est bon, qu’elles sont enrichies. Mais on ne sait même pas ce qu’il y a dedans… On ne sait pas ce qu’on mange. Il y a quoi là-dedans?
Dans le temps, on mourait plus jeune. Je crois que c’était mieux.
Oui, j’ai encore toute ma tête, mais parfois je ressens un grand vide… »

Et dans le lit voisin…

Alternance de silences et de délires, sans doute hantés par quelque fantôme du passé. Soudain, le regard bleu acier cesse d’errer et ces mots, terribles: « Mais je ne raconte que des bêtises moi. Je ne sais plus. »

Et une larme de couler…



Croissance

Tranches de vie Posted on 22/04/2013 01:22

J’ai fait ce rêve et le lendemain, j’ai envoyé un texto à mon amie Mélanie en lui demandant si elle était enceinte. Elle venait de l’apprendre et il n’y avait qu’elle et son mari qui étaient au courant. Vous imaginez sa surprise…

Ca avait commencé comme un de mes rêves chiants. Je me trouve dans une soirée que j’identifie comme une réunion issue du groupe FB « Fan de Bruxelles des années 80 ». Je me demande ce que je fais là, je scrute pour trouver un visage familier: rien. Puis je vois des rangées de chaises et une place au milieu de la rangée devant. Je m’assieds, je regarde autour de moi et je vois mon amie en compagnie de sa soeur et un « trou » apparent sur la chaise entre elles deux. Mon amie me fait de grands signes en me disant: reste pas là, c’est la chaise d’un ponte qui s’est juste absenté le temps de recevoir un prix. J’arrive près d’elles et à peine là, son fils (qui était trop petit pour que je le voie sur la chaise du milieu) dans les quatre ans, est appelé à monter sur une chaise pour qu’on lui remette un 45 tours (la pochette est rose et noire, comme avec une forme de fusée) au sujet duquel on le taquine: il l’avait chipé à sa maman et abîmé. A un moment, il est au bord des larmes et je dis à mon amie qui n’a pas l’air de s’en inquiéter, d’aller le chercher. J’arrive en même temps qu’elle et je tends la main pour aider l’enfant à descendre de la chaise, il me regarde et me dit « je me suis vu à mon mariage ». Je lui réponds ah bon (sur le ton « tout est normal ») et je lui demande s’il m’y a vue aussi et il répond que oui.

Fin de la première scène. La deuxième, extérieur jardin jour, je suis face à un mur couvert de lierre et une « branche » de lierre me tient le doigt de la main gauche comme le ferait un tout petit enfant. Une dame blonde assez quelconque arrive et me demande si c’est mon lierre. Un peu énervée devant l’évidence, je lui réponds que non puisque je ne suis pas chez moi, mais que « ce n’est pas une raison pour que je ne l’aide pas à grandir et à s’accrocher » (texto dans le rêve). La dame s’en va sans plus. Je finis ma « fusion » avec le lierre et quand je me retourne, le gamin de mon amie sort d’un couloir noir (il est censé sortir des toilettes) et court dans mes bras où il se jette et je lui dis: « viens mon petit coeur, ça va aller maintenant ».
Et paf le réveil!

Seule fausse note, c’est une fille et pas un garçon… Et si ça tombe elle est en train d’arriver… en ce moment. Sait-on jamais?



Rêve prémonitoire

Tranches de vie Posted on 18/01/2012 01:33

Je suis un peu « sonnée » et je viens de conclure avec la personne concernée que je regarde trop « Médium » (ce qui était le cas hier soir en plus!).

Je précise encore que si je suis relativement coutumière de flashs quand je suis éveillée, que je sens (sans les voir) si mes 18 chats sont dans la maison ou pas… mes rêves, jusque-là, étaient stupidement stériles, dérangeants, désagréables et s’ils présentaient trop souvent un aspect plus vrai que la réalité, ils n’avaient (fort heureusement!) rien à voir avec le vrai monde…

Alors cette nuit, j’ai rêvé d’une collègue avec qui je travaille encore parfois les WE quand je bosse comme bénévole. Le premier rêve était une magnifique idée pour un récit de SF, vraiment. Il était en plusieurs parties et à chaque fois que je me réveillais, je me disais: il faut que je retienne, c’est une trop bonne idée, d’ailleurs, j’y retourne (dans le rêve). Ca a marché un peu, puis, j’ai fait un autre rêve dont je ne me souviens presque plus pour revenir à cette amie que nous étions plusieurs à interroger… à propos de la mort. Et elle, très semblable à ce qu’elle est, de nous répondre très calmement, simplement, de manière rassurante (mais pas sans mystère).
Quand je me réveille, je lui envoie une série de textos pour lui raconter mon premier rêve avec elle que je trouvais trop drôle, mais je ne dis rien du second. Je passe la voir dans la matinée et elle me dit que c’est marrant la coïncidence, parce qu’il était question de maladie de manière rigolote et qu’elle est malade pour de vrai à cause de la pollution de ce jour (et de manière moins sympa que dans le rêve!).

Et ce soir, elle m’appelle pour m’annoncer qu’elle a dû faire euthanasier sa chatte de 16 ans et même si j’entends bien qu’elle a pleuré, elle est à présent calme, apaisée, sereine…

Je n’ai pas réussi à lui parler de mon deuxième rêve de suite tellement j’ai « encaissé » de m’y retrouver pour de vrai… Mais je le lui ai dit par texto après et, de fait, c’est bien comme ça qu’elle se sentait… En paix malgré le chagrin…



Allez savoir pourquoi

Tranches de vie Posted on 01/03/2011 20:58

Dans la rubrique « tout est normal » ou « y en a encore qui vont flipper ».
Allez savoir pourquoi, aujourd’hui je me dis que je vais voir ce qu’il y a dans le coffre dans ma chambre, celui où je dépose mes fringues pas encore à laver… J’y retrouves des trucs que je jette, une paire de pantoufles en peluche que je décide de donner à mes chiens pour jouer et… un pantalon de cuir…
Jusque là, que du banal… Sauf qu’un ami m’envoie un message pour me dire qu’il va passer cette semaine et je lui réponds en lui demandant s’il veut le pantalon de cuir, puisqu’en le retrouvant, je me suis dit qu’à lui il plairait… Et, ironie du sort, l’ami me répond qu’il ne s’était plus habillé tout en cuir depuis 3 ans, sauf… aujourd’hui…
Maintenant je sais pourquoi j’ai été farfouiller dans mon coffre au moins!!!



Rencontre improbable

Tranches de vie Posted on 27/02/2011 03:46

La toile ne cesse de se tisser, de s’entremêler, de se faire
et de se défaire. Et elle fait parfois se croiser des êtres dont les chemins,
dans la réalité, n’auraient eu que très peu de chance de se rencontrer.

C’est ainsi que depuis peu, une fée a rencontré un
merveilleux ogre. Vous savez, de ces gentils ogres gardiens qui ne font que
grogner pour impressionner les méchants, ou les imbéciles, qui ne respectent
rien. De ceux qui ne comprennent pas la poésie de la terre. De celle qu’on
habite, mais aussi de celle qu’on malaxe entre ses mains, pour lui donner vie.

Et c’est avec délices que soir après soir, la fée rencontre
son ogre dans un monde qui n’existe peut-être pas, mais permet de belles
rencontres et des moments d’échange inoubliables !



Dans le genre: tout est normal…

Tranches de vie Posted on 20/11/2010 16:43

Hier, c’était mon anniversaire et en allant à la pharmacie, j’ai regardé avec envie le magasin de BD un peu plus loin en me disant que si j’avais des sous je m’achèterais bien la dernière BD de Valérian et Laureline. Mais bon, n’ayant pas les sous, je ne l’ai pas fait…
Et le soir, Dany passe et m’offre… la dite BD…
Ca ne s’invente pas des trucs pareils!